La mise en place de ce procès fictif s’inscrit dans le cadre de deux unités d’enseignement « Éthique animale » et « Droit de l’animal » suivies par 14 étudiants de deux parcours différents : 7 étudiants du Master Écophysiologie, Écologie et Éthologie de la faculté des Sciences de la vie et 7 étudiantes du Master Éthique Animale de la faculté des Sciences Sociales. À partir d’un scénario simple, les étudiants ont travaillé à la mise en place de ce procès fictif (détermination et choix des rôles ; argumentations ; entrainement à la prise de parole et à la rhétorique ; etc.) en s’appropriant les connaissances et les bases de réflexion données en cours magistraux au cours du semestre. Épaulés et encadrés par deux enseignantes (une éthologue et une avocate) pendant 6 séances de travaux dirigés, les étudiants ont pu mener à bien 4 heures de procès le lundi 2 décembre 2019.
À quel public s’adresse votre initiative ?
Des étudiants en deuxième année du Master Écophysiologie, Écologie et Éthologie et du Master Éthique animale.
Pourquoi avoir mis en place cette pratique ou ce projet (ou autre) et quels étaient vos objectifs ?
L’éthique animale est un ensemble de questions et non pas comme on le croit trop souvent une compilation de règles idéales de ce qu’il est ‘moral’ de faire aux animaux. Nous souhaitions donc que les étudiants s’approprient les connaissances qu’ils avaient accumulés au cours de leur master (en biologie, en cognition, en bien-être animal, etc.) et qu’ils les confrontent aux législations et textes de loi qui concernent les animaux. Nous sommes partis d’un scénario simple d’anticipation : la personnalité juridique des animaux ayant été octroyée aux animaux non-humains, un éléphant de cirque se retrouve accusé du meurtre du guichetier qui tentait de le libérer.
Comment faites-vous ?
La préparation de ce procès fictif s’est déroulée sur 6 séances de TD d’une durée variable de 2h à 4h/séance. Les étudiants ont d’abord été invités à s’investir dans le scénario, préparer des fiches de personnage pour l’éléphant, la victime, le cirque, etc. Puis à choisir et préparer les rôles qu’ils souhaitaient endosser au cours du procès : avocat de la défense, parties civiles (famille de la victime et cirque), avocat général, experts, témoins, enquêteur, etc. Un tournant pour les étudiants dans cette préparation a été de pouvoir suivre un véritable procès à la Cour d’Assises du Tribunal de Grande Instance de Strasbourg. Ils ont été témoins, pour la première fois, de l’œuvre de la justice et ont pu mieux appréhender les rôles de chacun. Les séances suivantes ont ensuite consisté en des questions – réponses avec les chargées de TD.
Quels bénéfices avez-vous notés pour l’étudiant ?
Plus qu’une simple restitution des connaissances, les étudiants se sont vraiment approprié les connaissances acquises au cours du semestre, ils ont pu les ‘manipuler’ et les échanger entre eux. En quelque sorte, ils sont devenus ‘actifs’ de leurs connaissances, et cela s’est notamment vu lors du procès.
Quels bénéfices avez-vous notés pour vous ou votre équipe ?
Les deux chargées de TD étant expertes dans deux domaines différents (éthologie et droit) un premier bénéfice a tout simplement été l’échange des connaissances. Un second échange très fructueux a également été celui entre les enseignantes et les étudiants ; en effet dès le début nous avions prévenu les étudiants qu’il s’agissait de mener à bien ce projet tous ensemble. Ainsi, nous sommes sortis du cadre parfois un peu rigide du cours magistral.
Quelles limites et quelles contraintes avez-vous rencontrées ?
Un tel projet demande beaucoup de temps et d’énergie. Une préparation importante s’est faite en amont dès le mois de juin avec les deux chargées de TD et le responsable des deux UE. Pendant le semestre, il a ensuite fallu répondre aux questions des étudiants, et ce même en dehors des séances de TD afin de ne pas les freiner dans leur progression. 8 heures de TD ont même été bloquées la semaine précédant le procès pour répondre aux dernières interrogations des 14 étudiants. L’évaluation du travail des étudiants s’est faite tout au long du semestre, par des petites interrogations ou des fiches de restitution ; celle-ci a aussi demandé une réflexion bien en amont.
Quelle suite envisagez-vous ?
Pour la préparation de ce procès, les étudiants ont produit beaucoup de travaux (rapport d’enquête, expertises, témoignages, réquisitoire, plaidoiries, etc.) que nous souhaiterions pouvoir publier sous la forme d’un petit livret pédagogique. En effet, une telle publication permettrait aux étudiants de pouvoir valoriser leur travail de manière plus concrète sur leur CV. Sans compter, l’utilité d’avoir accès à un tel travail pour les futurs étudiants.
Marie Pelé
Faculté des sciences de la vie
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